A New York, en bordure de Central Park, se trouve une drôle de soucoupe volante blanche posée sur la 5e avenue. C’est l’œuvre de Frank Lloyd Wright pour le musée Solomon R. Guggenheim.
L’histoire de ce musée est intimement liée à la passion de Solomon R. Guggenheim. Le riche industriel entame en 1929, à l’âge de 66 ans, une collection de peinture moderne dans laquelle on retrouve alors toute l’avant-garde du début du XXe siècle : Kandinsky, Chagall, Paul Klee, Mondrian…
Ne pouvant plus présenter sa collection grandissante dans son appartement, Solomon R. Guggenheim crée dix ans plus tard la fondation qui porte son nom pour promouvoir et encourager l’éducation par l’art. La collection privée devient musée public et 600 œuvres en forment la collection initiale et sont présentées dans un premier « Museum of Non-Objective Painting » (« musée de peinture non figurative »), avant que l’architecte Frank Lloyd Wright ne commence à dessiner les plans d’un nouvel édifice qui ouvre finalement ses portes en 1959, six mois après la mort de Wright et dix ans après celle de Guggenheim lui-même.
Au terme de seize années de travail et de plus de 700 dessins, un bâtiment à la structure en béton et acier, blanc, de forme arrondie, dessiné à la manière d’un zeste de citron, émerge du sol. L'espace muséal a une structure en hélice, ouverte sur un atrium central, coiffé d’une verrière. Le visiteur démarre son parcours par le sommet, puis descend progressivement les six niveaux d’exposition le long d’une rampe circulaire légèrement inclinée. La présentation des œuvres est continue et leur découverte se fait comme lors d’une promenade. La rotonde centrale apporte luminosité et permet d’avoir des vues plongeantes sur les œuvres exposées dans les étages inférieurs.
Frank Lloyd Wright a fait en sorte de se dégager de la présentation muséale traditionnelle, qui regroupe les œuvres par époque, région ou medium, pour créer une fluidité dans la découverte de la collection qui couvre maintenant l’art moderne et contemporain, de la fin du XIXe siècle à nos jours.
L’architecture du musée Guggenheim fait partie depuis 2019 des « œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright », une série de huit édifices conçus par l’architecte aux États-Unis, inscrits au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, selon laquelle ils témoignent de « l’architecture organique » élaborée par Wright, qui se caractérise notamment par un plan ouvert, un estompement des limites entre l’extérieur et l’intérieur, et l’emploi inédit de matériaux tels que l’acier et le béton. Chacun de ces bâtiments présente des solutions novatrices pour répondre aux besoins en matière de logement, de lieux de culte, de travail ou de loisirs.
L’architecture est aujourd’hui l’une des caractéristiques majeures de la constellation des musées Guggenheim à travers le monde, que ce soit à New York, Venise, Bilbao ou bientôt à Abu Dhabi.